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LE ROI ARTUS.

faire jaillir le sang vermeil. Le roi Loth, obligé de vider les arçons, ne savait plus où il en était, et ne voyait plus rien autour de lui. Gauvain retira le glaive à lui et passa outre ; mais il ne tarda pas à retourner, et, trouvant le roi Loth étendu de son long à terre, il passa sur son corps trois ou quatre fois en le piétinant de son cheval ; puis il descendit, ficha son glaive en terre, tira du fourreau sa bonne épée Escalibur, vint sur le roi, détacha son heaume, et, lui rabattant la coiffe de fer sur les épaules : « Vous êtes mort, » dit-il, « si vous ne me fiancez prison. — Ah ! gentilhomme, » répond d’une voix faible le roi, « ne me tue pas ; je ne t’ai jamais forfait. — Si, m’avez-vous forfait, » répond Gauvain, « vous et tous ceux qui se sont embusqués pour fermer le chemin que suivait mon oncle. — Comment ! » fait Loth, qui êtes-vous donc, pour appeler Artus votre oncle ? — Que vous importe ? Je ne veux pas vous le dire ; faites ce que je vous demande, ou vous êtes mort. — Sire, par la chose ce que vous aimez le mieux, dites-moi auparavant votre nom — Mais, vous-même, qui êtes-vous ? — Hélas ! je suis le roi Loth d’Orcanie et de Léonois, à qui rien ne prospère depuis longtemps. Dites maintenant qui vous êtes. »

Gauvain, entendant que c’est à son père qu’il a combattu, répond : « Je suis Gauvain, neveu