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LOTH ET GAUVAIN.

du roi Artus. » À ce mot, Loth trouve la force de se lever et de tendre les bras pour l’embrasser. — « N’allez pas plus loin, » dit Gauvain, « je ne suis votre fils et votre ami qu’autant que vous serez réconcilié avec mon oncle Artus, et que vous lui aurez fait hommage, en présence de tous ses barons. Autrement vous n’avez à attendre sûreté de ma part qu’en laissant ici votre tête. »

Le roi, à ces paroles de Gauvain, retomba à terre comme privé de connaissance ; puis, ouvrant de nouveau les yeux : « Merci, beau fils ! je ferai ce qu’il vous plaira ; prenez mon épée, je vous la rends. » Gauvain la prend, non sans verser des larmes sous son heaume, et sans regretter d’avoir aussi malmené son père ; mais il fait en sorte de ne pas laisser deviner son émotion, et, revenant vers leurs chevaux, ils montent, séparent les combattants et arrivent devant le roi Artus. « Ah ! beau neveu, » lui crie celui-ci, « soyez le bienvenu ! Comment avez-vous pu paraître assez à temps pour rompre cet odieux guet-apens ? — Sire oncle, » répond Gauvain, « je l’ai deviné ; car le cœur me battait avec violence depuis que je vous eus quitté. Mais Dieu soit loué de l’aventure ! — Pourquoi ? » fait Artus. — « Sire, parce que les gens qui vous ont attaqué sont au roi Loth mon père, et que le roi Loth vous crie merci