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TOURNOI DE LOGRES.

vain. — Sans doute, » reprend Artus. – « Je reconnais, » dit Gauvain, « qu’ils auraient bien dû l’être. – Allons, madame, » dit le roi, « je vois que vous seule pourrez adoucir notre beau neveu. » Genièvre s’approche alors de Gauvain et le prenant par la main : « Sire neveu, vous savez que la colère aveugle souvent le prud’homme au point de le rendre semblable au moins sage : le roi et moi nous vous prions de laisser tout ressentiment ; cette terre a trop grand besoin de tous ses défenseurs, et vous n’êtes qu’en petit nombre à côté des Saisnes qui nous menacent. Aimez-vous donc tous les uns les autres, et n’allez pas vous diviser et vous détruire au profit de nos véritables ennemis. » Gauvain, qui avait laissé parler la reine, tout d’un coup se prenant à rire : « Ah ! dame, dame ! » fait-il, qui veut apprendre avec vous n’a qu’à bien vous écouter. Dieu soit loué, qui nous accorde la compagnie et les avis de dame si bonne et si sage ! Pour ce qui est de moi, disposez à votre volonté et de mon corps et de mon cœur, sauf ce qui pourrait me tourner à honte. — Oh ! » reprend la reine, bien peu sage la dame qui attendrait de vous la moindre félonie ! »

C’est ainsi que Genièvre apaisa le courroux de monseigneur Gauvain. Hervis du Rinel,