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LE ROI ARTUS.

distante de quatre lieues du territoire occupé par les Saisnes. Il leur fallait passer par le château de la Sapine, traverser la plaine de Roestoc, entrer dans la forêt de Lespinois, longer les rives de la Saverne, gagner la plaine de Cambenic, puis la cité de Norgales et enfin Arestuel. Montés sur de bons palefrois, cinq garçons les suivaient pour les servir, conduire leurs destriers, charger et décharger les sommiers. Ils découvrirent la plaine de Roestoc et déjà se réjouissaient d’arriver sans aventure, quand ils furent obligés de s’arrêter devant un convoi de butin et de prisonniers, qu’une compagnie de deux cents Saisnes conduisait devant Clarence, alors assiégée par leur roi Hargodabran. Les prisonniers étalent fortement attachés sous le ventre des chevaux, et fréquemment battus de bâtons et de sangles. Les chefs de ces mécréants étalent Sorbaré, Monaclin, Salebrun, Isoré et Claridon. Claridon montait le Gringalet, cheval qui n’avait pas son pareil au monde, courant dix lieues sans être touché des éperons et avant qu’une seule goutte de sueur mouillât sa croupe, sa tête, ses épaules ou ses oreilles. À la vue des Bretons, les Saisnes crièrent : « Rendez-vous ! nous gardons ces passages au nom du roi Hargodabran ; nous allons vous conduire à lui. » Gauvain, son père et ses frères montèrent à la hâte sur leurs