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Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 2.djvu/280

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LOTH ET SES FILS EN MESSAGE.

chevaux de guerre et brochèrent des éperons, pour passer outre. Un long combat s’engagea dont le détail vous sera épargné ; vous saurez seulement que, grâce à la valeur de Gauvain, les Saisnes, assez mal armés, furent obligés de livrer passage et que les rois Salebrun et Monaclin y laissèrent la vie. Là Gauvain conquit le cheval de Claridon, le Gringalet pour lequel il eut donné le château de Glocedon et dont la renommée devint dès lors inséparable de la sienne. Quant à sa bonne épée Escalibur, c’était, comme on l’a dit, un don du roi Artus qui l’avait détachée de l’enclume.

Les garçons et valets avaient conduit les palefrois dans un bois voisin, pendant que les chevaliers combattaient : ils rejoignirent, dès qu’ils virent la plaine libre et les Saisnes regagner Clarence à toute bride. Loth et ses fils les attendaient avec impatience, car ils étaient harassés de fatigue, et leurs armes étaient toutes bosselées, écartelées ou rompues.

La forêt dans laquelle ils s’engagèrent vers le milieu de la nuit était grande et profonde. Ils arrivèrent devant une maison qui leur parut être celle du forestier. Elle était fermée de larges fosses remplis d’eau et bordés d’une ceinture de troncs de chênes, étroitement joints, recouverts d’une couche d’épines aiguës et vigoureuses. Le hasard seul les mit sur la trace