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LES FILS DU ROI LOTH.

Quand ils eurent fini, Guirres dit : « Frères, par la foi que vous devez à mon père, que feriez-vous si vous trouviez maintenant en ce bois une des filles de Minoras ? Voyons, Agravain, parlez dabord ; vous êtes notre aîné. »

– « Moi, » dit Agravain, « je ferais d’elle mon plaisir, qu’elle voulut ou non. — Oh ! pour cela, » dit Gaheriet, « je m’en garderais bien : je conduirais la pucelle en lieu sûr où elle n’aurait rien à craindre de personne. – Moi, » dit Guirres, « j’en ferais mon amie, si elle le voulait bien, mais pour rien au monde je n’userais de violence. Où serait le plaisir, si le jeu n’était aussi doux pour elle que pour moi ? »

Ils en étaient là, quand Loth et Gauvain les rejoignirent après avoir entendu leurs propos. « Décidez, » dirent les trois frères, « qui de nous a le mieux parlé. — Je fais, » dit Loth, « votre aîné Gauvain juge de la cause. »

Gauvain alors : « Je n’aurai pas besoin de longues réflexions ; Gaheriet a dit le mieux, Agravain le plus mal. Si la demoiselle était en lieu dangereux, n’aurait-elle pas droit de compter sur lui comme sur un protecteur ? Cependant on voit qu’elle ne pourrait faire de pire rencontre. Guirres a bien parlé, quand il s’est défendu de rien demander à la violence : ainsi doit penser un cœur amou-