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LE ROI ARTUS.

reux. Mais Gaheriet a le mieux dit, et ainsi ferais-je moi-même. »

Tous alors se mirent à plaisanter et gaber ; Agravain comme les autres. « Comment ! Agravain, » dit le roi Loth, « vous traiteriez ainsi la fille de votre hôte, vous le payeriez ainsi de l’accueil qu’il vous a fait ! il aurait donc un bien grand sujet de regretter sa courtoisie  ! — Oh ! » fit Agravain, « il ne s’agit pas de priver sa fille de la vie ou d’un membre. — Mais de plus encore, » dit Loth, « de lui ôter l’honneur. — Par ma foi ! » reprit Agravain ; « je fais peu de compte d’un homme qui, tenant une femme seul à seul, s’avise de la respecter ; et, s’il laisse échapper l’occasion, il n’en sera jamais aimé. — Au moins ne perdra-t-il ni son honneur ni celui de la dame. — Pourtant n’en sera-t-il pas moins gabé. — Et qu’importe ce qu’on en dise, s’il a fait son devoir, s’il n’a pas mérité de vilains reproches ? — Je ne vois pas, » continue Agravain, « comment avec de telles façons de penser vous ne vous rendez pas tous moines, pour n’avoir plus à craindre la rencontre d’aucune femme ; il m’est avis que vous en avez peur. — Mol, » dit Loth, « je dis que, si vous vous maintenez ainsi, vous ne pouvez manquer de mauvaise aventure. »

Ce que le roi Loth avait prévu arriva. Agra-