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ÉLIÉZER

rapprochés. Quand il aperçut les cinq chevaliers : « Ah ! pour Dieu, » s’écria-t-il, « venez à mon secours ; vous voyez quel besoin j’en ai. — Ayez confiance, » répond Agravain, « tant que nous vivrons, vous n’aurez garde. »

En même temps il presse des éperons son cheval et va frapper de sa lance un Saisne qu’il renverse pâmé. Gaheriet le suit de près, de trois coups de son glaive il en abat trois autres. Le bois se brisant dans le corps du dernier, il tire son épée, en jetant encore à son frère des paroles irritantes. Jamais secours ne vint plus à propos ; mais Gauvain seul décida les Saisnes à lâcher leur proie, en immolant deux de leurs rois, en remontant plusieurs fois ses frères et son père sur les chevaux qu’il enlevait aux païens. Après une longue résistance, les Saisnes crurent avoir affaire à des fantômes sortis de l’enfer, et cherchèrent leur salut dans les détours de la forêt, heureux de pouvoir de là gagner Clarence, et conter au roi Hargodabran leur déconvenue. On peut se faire une idée de la joie du varlet de Listenois en reconnaissant dans ses libérateurs les princes d’Orcanie et, dans celui qui portait sur son écu le lion rampant de sinople, monseigneur Gaavain qu’il allait chercher, et qui eut grand plaisir à le recevoir comme le premier de ses écuyers.