apporter des armes dignes d’un fils de roi ; mais le roi Pelles avait eu soin de placer dans les coffres d’Éliézer celles qu’il devait revêtir, et l’écuyer Lydonas les mit à la disposition de Gauvain. Elles étaient blanches, traversées d’une bande de sinople de bellic[1] ; le haubert était à doubles mailles[2] fortement jointes et cependant si légères qu’elles n’eussent pas fatigué un enfant de neuf ans.
Guirres et Gaheriet lui attachèrent les chausses et le revêtirent du haubert ; ils lacèrent ensuite une ventaille aussi blanche que neige. Cela fait, messire Gauvain lui ferma l’éperon droit et lui ceignit l’épée ; Gaheriet lui chaussa l’éperon gauche, puis messire Gauvain dit en lui donnant la colée : « Tenez, doux ami ! recevez de moi la chevalerie, au nom et en l’honneur de Jésus-Christ, qui daigne vous accorder de maintenir et accroître la gloire de sainte Église et la vôtre. — Ainsi l’octroie notre Seigneur ! » répondit Éliézer.
Alors Guirres et Gaheriet prirent par la main le nouvel adoubé et le menèrent en la
- ↑ Ce mot, employé fréquemment dans les livres de la Table ronde, est interprété par Cotgrave : rouge de cinabre. Peut-être répond-il plutôt à forme de cloche, du mot anglais bellic. Ce serait alors la pièce héraldique nommée vair. — Variante : « une bande de fin or en bellic. »
- ↑ De là les noms de haubert-doublier, treslis.