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LE ROI ARTUS.

chapelle du roi Artus ; ils y veillèrent la nuit, jusqu’au lendemain après la messe. Le jour suivant, il y eut grand dîner à la table d’Artus ; messire Éliézer y fut placé entre les deux rois Ban et Bohor : puis une quintaine fut dressée ; le jeune prince y fit merveilles et chacun dit que, s’il vivait, il ne pouvait manquer d’être un des meilleurs chevaliers du monde.

L’armée bretonne quitta Salisbery sous la garde de Merlin. On roula tentes et pavillons, on les transporta sur charrettes ; on emplit les coffres et les malles ; les chevaliers montèrent sur les destriers, tous armés à l’exception des écus, heaumes et lances que portèrent les écuyers. Au premier rang flottait l’enseigne blanche à la croix vermeille.

En approchant du château de Garlot, la forteresse du roi Nautre, ils entendirent un grand bruit et de longs cris de détresse. C’était une échelle de vingt mille Saisnes qui, partis quelques jours auparavant de la plaine de Clarence, avaient déjà commencé le siège de Garlot. La reine de Garlot, n’attendant aucun secours contre les mécréants, avait pris le parti de sortir secrètement par une poterne. Accompagnée de son sénéchal, elle espérait gagner une maison nommée la Rescousse, où le roi Wortigern avait jadis trouvé un refuge contre la poursuite d’Hengist ; mais les Saisnes, avertis