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LE ROI ARTUS.

tu consentiras à tenir de moi ton royaume, et à me faire hommage comme les neuf rois que j’ai déjà conquis. Puis tu me donneras ta barbe ; car j’en ai besoin pour les attaches de mon manteau. » — Artus répondit : « Le jeu que tu proposes n’est pas égal entre nous. Vaincu, tu retournes en ton pays aussi puissant que tu en es sorti et moi, si tu es vainqueur, je dois te faire hommage de mes terres. Deviens mon homme si la fortune me favorise, et je consens à devenir le tien si tu demeures victorieux. — Eh bien, soit ! je consens, » dit le roi Rion, trop assuré de vaincre pour refuser rien de ce que le roi de Logres demandait.

Ils firent reculer à une certaine distance les deux armées, et s’élancèrent l’un contre l’autre de toute la vigueur, de toute l’impétuosité de leurs chevaux.

Ils se rencontrèrent assez rudement pour que le fer des deux lances traversât l’écu opposé  ; le haubert résista. Quand les lances eurent volé en éclats, ils mirent la main aux épées, frappèrent sur les heaumes à coups redoublés, rompirent les cercles d’or, les fleurons, et éparpillèrent les pierreries dont les vertus avaient été souvent éprouvées. Les mailles jonchèrent la terre ; le sang jaillit sous la pointe des fers ; des deux écus à peine restait-il de quoi couvrir leurs