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DERNIER COMBAT CONTRE RION.

conduit au camp ennemi ; le dragon lance des flammes et des charbons de feu qui jettent l’épouvante dans les rangs ennemis. Le roi Pharaon arrêta cependant quelque temps l’armée bretonne ; mais il rencontre pour son malheur Gauvain qui lui passe son glaive dans le corps et le jette mort tout étendu. Gauvain le mesurant des yeux : « Voilà, » dit-il, « un roi qui a la paix jurée ; mon oncle Artus n’aura pas à défendre contre lui sa barbe ! » La mêlée devenue générale, on ne pourrait dire qui fit plus merveilles d’Yvain, de Sagremor, de Guerries, de Gaheriet et d’Agravain, si ce n’est le roi Artus et son neveu Gauvain.

Mais il faut rendre justice au roi Rion : par un généreux désir d’arrêter les flots de sang, il saisit une branche de sycomore qu’un de ses rois tenait en main pour se faire mieux reconnaître, et, l’élevant en l’air, il annonça qu’il voulait parler :

« Roi Artus, » dit-il, « pourquoi souffrir la perte de tes chevaliers et des miens ? Faisons mieux ; si tu mérites le renom qu’on t’a fait, avertissons nos gens de se tenir à l’écart, a de poser les armes et d’attendre la fin du combat que nous pouvons engager l’un contre l’autre. Si tu es vainqueur, je retournerai dans mon pays avec tous les hommes que j’ai amenés en Carmélide ; si tu es vaincu,