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LE LAID CHEVALIER.

nain est d’une laideur extrême, mais elle sait aussi qu’il n’y a pas de notre temps pièce de chair plus hardie, plus intrépide. C’est comme elle, un fils de roi et de reine, et la grandeur de son courage l’emporte à ses yeux sur l’excès de sa laideur. Je n’avais jamais vu cette demoiselle ; mais je sais qui elle est et comment on la nomme : vous pourrez bientôt apprendre vous-même toute la vérité sur le nain qu’elle conduit, et vous en éprouverez à la fois deuil et joie. Mais le moment n’est pas venu de vous instruire de tout cela : d’autres soins vont appeler votre attention, car Lucius, empereur de Rome, vous a envoyé des messagers qui dans ce moment franchissent la porte du palais, descendent sous le pin et vont monter les degrés de la salle. »

Merlin avait à peine cessé de parler qu’on vit entrer douze princes richement vêtus de draps de soie. Ils s’avancèrent deux à deux, se tenant par la main. Chacun portait un rameau d’olivier, indice de leur office de messagers. Arrivés devant le roi Artus qui siégeait entouré de tous ses barons, ils ne saluèrent pas et dirent : « Roi Artus, nous sommes douze princes de Rome, envoyés vers toi par l’empereur Lucius. » Puis un d’eux tendant une charte enfermée dans un drap de soie : « Roi Artus, » dit-il, « donne à lire cette charte ; tu verras et