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LE ROI ARTUS.

entendras ce que notre sire l’empereur Lucius exige de toi. » Le roi prit la charte, la remit à l’archevêque Dubricius, homme sage, religieux et de bonne vie. Le prélat, l’ayant attentivement lue, en rendit ainsi les termes[1] :

« Moi, Lucius, empereur, seigneur et maître de Rome et des Romains, fais savoir à mon ennemi le roi Artus ce qu’il a mérité par sa conduite envers moi et la puissance romaine. Je suis non moins indigné que surpris de voir un orgueilleux Breton lever la tête contre Rome. Comment n’as-tu pas craint de courroucer la maîtresse du monde, tant que tu me savais en vie ? Tu apprendras bientôt ce qu’on gagne à ne pas nous rendre ce qu’on nous doit, à pousser l’insolence jusqu’à refuser le tribut qui nous appartient. Avant de tolérer une telle négligence, on verra le lion fuir devant la brebis, le loup redouter la dent des chevreaux, et le lièvre poursuivre les chiens ; car n’es-tu pas devant nous ce qu’est la brebis devant le lion, le chien devant le lièvre ? Depuis que Julius César a conquis la Bretagne, Rome a reçu le tribut des Bretons ; et c’est

  1. Ce discours, cette ambassade, la réponse d’Artus et les principales circonstances de la guerre contre les Romains sont empruntés à Geoffroy de Monmouth. Les assembleurs ont remplacé la rédaction la plus ancienne par cette fin du Livre d’Artus.