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Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 2.djvu/35

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JUGEMENT.

Le juge envoya querir la dame ; elle venue, il dit en s’adressant au peuple : « Voici ma mère, écoutez ce que l’enfant va dire d’elle. — Ah ! » dit Merlin « vous êtes moins sage que vous ne croyez : conduisez votre mère en chambre fermée ; ne laissez entrer près d’elle que vous, deux de vos conseillers les plus privés et moi. Mais si vous reconnaissez qu’elle est plus coupable que ma mère, jugerez-vous encore que celle-ci mérite la mort ? — Non. Nous en faisons le serment, » dirent tous ceux qui siégeaient avec le juge.

Quand ils furent enfermés, Merlin dit : « Vous feriez mieux de reconnaître l’innocence de ma mère, sans rien enquérir de la vôtre. — Oh ! » répond le juge, « tu n’échapperas pas ainsi : il faut que tu parles. — Eh bien, je le répète, votre mère connaît mieux quel est votre père que ma mère ne sait quel est le mien.

« — Eh quoi ! belle mère, » dit le juge, « ne suis-je pas fils de votre loyal époux ? — Mon cher fils, » répond-elle, « de quel autre pourriez-vous être né ? — Dame, » dit Merlin, « il vous faut dire à votre fils la vérité ; vous êtes veuve, mais son père est encore vivant. C’est votre prouvaire ; à telles enseignes, qu’au moment de vous abandonner à lui, vous lui dîtes