Marmiadoise, revint sur lui, souleva sa cuirasse, et lui plongea dans le corps le fer brûlant. On entendit un profond mugissement, ce fut le dernier soupir du monstre.
Keu et Beduer s’étaient assez avancés pour être témoins du combat et pour en voir la fin. Ils accoururent, témoignant la plus grande joie du monde. Ils ne revenaient pas de leur surprise en mesurant la grandeur du géant. Le Roi dit au boutillier de couper la tête et de la rapporter au camp ; puis, allant vers les écuyers qui gardaient les chevaux, ils remontèrent au moment où le flot se retirait pour la seconde fois. Ils arrivèrent au camp et furent accueillis ainsi que vous pouvez imaginer.
[Cette histoire du combat d’Artus contre le géant du mont Saint-Michel est encore empruntée à Geoffroy de Monmouth. Est-elle d’origine bretonne ? la désignation exacte du lieu de la scène semblerait le faire croire ; mais d’un autre côté, elle offre tant de rapport avec la légende de Cacus, tué par Hercule, qu’on a quelque droit de conjecturer que le savant clerc Geoffroy de Monmouth avait bien pu la prendre dans Ovide : dans tous les cas, le romancier de la Table ronde ne l’eût pas, sans Geoffroy, introduite dans son ouvrage. Mais remarquez la singulière analogie des deux histoires. Les deux géants viennent d’Espagne,