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Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 2.djvu/362

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MESSAGE D’ARTUS À LUCIUS.

chemin. Un des Romains, mieux monté et plus richement armé, avait devancé tous les autres ; il criait : « Retournez ! retournez ! c’est couardise à vous de fuir. » Yvain, ramenant son écu sur sa poitrine, brandit sa lance, tourne brusquement son cheval court sur le chevalier et lui fait vider les arçons. « Ah ! » dit-il, « votre cheval était trop vif ; que n’en preniez-vous un plus sage ? » À l’exemple d’Yvain, Sagremor tourne et fond sur un second chevalier, lui plonge sa lance dans la bouche entr’ouverte ; le fer reste fiché dans la gorge, le chevalier tombe comme s’il eût avalé le glaive. « Voilà, » dit Sagremor, « de quels morceaux je vous nourris ; restez là, chevalier, pour avertir les autres du chemin que nous prenons. » Un troisième Romain accourait à force d’éperons, c’était Marcel, un des premiers barons de Rome ; il avait promis à l’Empereur de ramener Gauvain mort ou vif. Quand Gauvain le vit à portée de cheval, il tourna vivement et de sa bonne épée mit à jour sa cervelle et le fendit jusqu’aux épaules. « Marcel, » lui cria Gauvain, « ne manquez pas, en enfer, de dire à Quintilius que les Bretons savent encore mieux faire que menacer. » Puis revenant à ses compagnons : « C’est assez maintenant, » dit-il, d’avoir abattu chacun le nôtre ; laissons bruire