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Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 2.djvu/363

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LE ROI ARTUS.

et crier la meute tout à son aise. » Ils donnèrent chacun un dernier coup de lance, puis laissèrent courir derrière eux les Romains, lançant dards et carreaux, mais n’osant arriver jusqu’à portée de leurs glaives. Un seul chevalier romain, cousin de Marcel, leva son épée sur monseigneur Gauvain ; Gauvain le prévint en séparant son bras de l’épaule : le bras retomba, l’épée serrée dans la main. Les Bretons gagnèrent un bois sur lequel était appuyé le château neuf d’Artus. Or six mille Bretons, prévoyant la poursuite des Romains, s’étaient avancés jusque-là pour soutenir les messagers. De leur côté, les Romains s’étaient hâtés de faire avancer une armée formidable ; si bien que, peu à peu, la campagne fut couverte de bataillons acharnés les uns contre les autres. Les Romains, conduits par un preux et hardi chevalier nommé Petreius, soutinrent longtemps avec avantage l’effort des Bretons. Les, grands coups de Yder, fils de Nut, de Gauvain, de Sagremor et d’Yvain n’auraient pas suffi pour décider la victoire, si Petreius, abattu de cheval en même temps que Sagremor, n’était pas demeuré prisonnier des Bretons. Alors, semblables à la nef qui a perdu son gouvernail, les Romains commencèrent à lâcher pied et à retourner vers le camp de l’Empereur. Petreius et les autres prisonniers furent pré-