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LE CHAT DE LAUSANNE.

de la tête. De nouveau rejeté à terre, le chat recule de quelques pas, esquive le second coup de l’épée et d’un grand bond s’attache à l’épaule du Roi, y enfonce les ongles, pénètre jusqu’à la poitrine et fait jaillir un ruisseau de sang qu’il lape avidement, comme pour s’en désaltérer. Le Roi prend son temps, glisse l’écu sous le ventre du chat, tout en labourant de son épée son dos, sa croupe et ses flancs. Le monstre rompt les guiches de l’écu ; Artus, retombé à genoux, les retient dans sa main. Heureusement les ongles du chat étaient engagés dans le haubert et l’y laissaient comme suspendu. Le roi, d’un grand coup de Marmiadoise, tranche les deux griffes, et le chat tombe à terre en poussant un horrible cri. Il s’accroupit sur les pattes de derrière, gueule béante, en rechignant des dents. Un second coup le fait bondir, et d’un saut il va se pendre aux joues d’Artus. Ce fut un moment de douleur aiguë qui n’empêcha pas le Roi de passer Marmiadoise sous le ventre du monstre qui, sentant le feu de l’acier, lâcha le visage et serait retombé à terre, si les deux pattes qui lui restaient ne se fussent embarrassées dans les mailles du haubert. Artus, d’un suprême effort, les tranche comme les deux autres. Le chat tombe, pousse un cri perçant et sautille de bonds en bonds jusqu’à l’entrée de la roche.