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LE ROI ARTUS.

vœu, il rapporta le chat et le nourrit si bien, qu’en moins d’un jour la bête étrangla lui, sa femme et ses enfants, puis s’enfuit vers la montagne qui s’élève au delà du lac. Là est son repaire, d’où il sort chaque jour pour mordre et dévorer ceux qu’il aperçoit. Allez de ce côté, c’est le chemin qui mène à Rome ; il viendra sur vous, et, avec la grâce de Dieu, vous en délivrerez le pays. »

Artus fit replier les tentes et l’on se mit en marche. Ils arrivèrent sur les bords du lac de Lausanne, et trouvèrent le pays désert et sans culture. Arrivés dans une vallée bornée par la montagne où se tenait l’affreux démon : « Je veux, » dit Artus, « voir seul de mes yeux cet ennemi d’enfer. » Merlin se tenait à quelque distance ; il donna un coup de sifflet. Aussitôt le chat, encore à jeun, s’élança pour dévorer sa nouvelle proie. Artus le reçut à la pointe de son épieu ; le chat en broya le fer dans ses dents et fit chanceler le Roi, qui ne voulut pas lâcher son glaive. À force de mordre, le chat détacha le fût, puis, ayant rejeté le fer de sa bouche sanglante, il s’élance sur Artus qui, laissant le tronçon du glaive, lève l’écu, en frappe rudement le monstre et le renverse sur le dos. Aussitôt relevé, le chat saute une troisième fois sur le Roi, mais la lame de Marmiadoise pénètre et entame l’os