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LE ROI ARTUS.

chevalier, » s’écria-t-elle, « ayez pitié de mon ami que cinq hommes fer-vêtus ont assailli derrière ce petit tertre ; ils veulent le tuer. — Votre ami, quel est-il ? — C’est Anadean le nain, le fils du roi Brangor. — Reprenez courage, » dit Yvain, « il vivra si je puis arriver à temps. — Hâtez-vous donc, chevalier, car ils ne haïssent personne autant que lui. »

Yvain remonta et piqua des deux vers le tertre Indiqué, tandis que ses compagnons replaçaient la demoiselle sur son palefroi et suivaient le même chemin, d’aussi près que le pas lent de la mule pouvait le permettre. Yvain, ayant franchi le sommet du tertre, vit dans la vallée le nain qui se défendait vigoureusement contre deux des cinq chevaliers qui l’avaient attaqué ; les trois autres avaient été déjà mis hors de combat, l’un percé d’un fer de lance dans la cuisse, l’autre atteint à l’épaule d’un tranchant d’épée qui la lui séparait du corps, et le troisième tué d’un autre coup d’épée qui lui avait fendu la tête jusqu’aux dents. Le quatrième prenait mesure de la terre, si bien que le dernier ne songeait qu’à prendre la fuite, si le preux nain ne lui eût fermé passage ; il allait même l’immoler quand Yvain lui dit : « Chevalier, faites-lui grâce de la vie ; il n’a plus de défense. — J’y