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QUÊTE DE MERLIN.

mor et de ses dix compagnons, assez multipliées, ont été consignées dans le livre que les clercs du Roi étaient chargés de rédiger : le roman se contente de nous y renvoyer mais la difficulté de le retrouver nous a empêché, jusqu’à présent, d’en faire notre profit.

Nous passerons donc à la quête d’Yvain de Galles. Au sortir de la forêt, Yvain entend des gémissements prolongés ; bientôt une demoiselle paraît à ses yeux, montée sur une blanche mule et donnant toutes les marques du plus profond désespoir. « Dieu ! » disait-elle tout échevelée, « que vais-je devenir, séparée de l’ami dont la vie vaut mille fois la mienne, celui qui n’a perdu sa beauté que pour m’avoir trop aimée — Ma douce demoiselle, » dit Yvain quand il fut prés d’elle, « pourquoi cette grande douleur ? Dites-le moi ; si je puis l’adoucir, j’y ferai tous mes efforts ainsi que les chevaliers qui m’accompagnent. » La demoiselle, comme il prononçait ces mots, se laissa tomber toute pâmée sans trouver la force de répondre. Messire Yvain descendit la croyant presque morte, il la prit entre ses bras et toucha de son gantelet sa main découverte ; le froid des mailles la fit revenir, elle ouvrit les yeux, et Yvain reconnut la dame qui, peu de jours auparavant, avait conduit le nain à la cour d’Artus. « Ah ! franc