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QUÊTE DE MERLIN.

la demoiselle m’avait annoncé ? » Rien ne peut se comparer au chagrin qu’il ressentait ; il continua cependant à chevaucher, triste et désespéré jusqu’à la mort. À l’issue de la forêt, il trouva une croix sur un perron et s’en approcha pour descendre. Alors il resserra ses étriers, raccourcit les manches de son haubert, laça plus étroitement son heaume et ses chausses de fer ; il diminua les renges de son épée, la guiche de son écu, puis remonta, maudissant l’heure et le jour qu’il avait entrepris la quête de Merlin. Cela ne l’empêcha pas de parcourir montagnes et vallées, toujours demandant nouvelles du prophète. À ses questions on répondait souvent par des insultes et des railleries souvent aussi, il lui arriva de punir ceux qui l’outrageaient, car, en changeant de forme, il avait gardé sa première vaillance et sa prouesse.

Quand il n’y eut plus dans le royaume de Logres un seul lieu qu’il n’eût visité, il résolut de passer la mer et de se rendre dans la petite Bretagne où la demoiselle lui avait annoncé qu’il entendrait parler de celui qu’il cherchait. Arrivé dans cette contrée, il vit approcher le terme de sa quête sans entendre parler de Merlin. « Hélas ! que ferai-je ? » se dit-il ; « me voici près du jour où je dois reparaître à la cour du roi ; j’ai fait serment de ne pas