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QUÊTE DE MERLIN.

Ces paroles firent penser à monseigneur Gauvain qu’il entendait la voix de Merlin. — « Oui, » dit-il, « je devais vous reconnaître, car j’ai souvent entendu votre voix ; je vous prie maintenant de vous montrer et de me permettre de vous voir. — Non, Gauvain, vous ne me verrez plus désormais ; j’en ai regret, mais je ne puis autrement faire. Je ne serai plus visible que pour mon amie. Je suis enfermé pour toujours dans cette étroite enceinte ; elle n’est de bois ni de pierre, mais il n’en est pas de plus forte et de plus impénétrable. Celle qui m’y retient peut seule en reconnaître l’entrée. Elle y vient, quand il lui plaît me donner la douceur de sa compagnie.

« — Comment ! beau doux ami Merlin, vous êtes ici retenu sans pouvoir vous en arracher ni pour moi ni pour tout autre ! Vous, le plus sage des hommes ! — Et le plus fou, » répondit Merlin. « J’ai couru dans la fosse où je savais que j’allais être précipité. C’est moi qui appris à mon amie le secret de m’enfermer. — J’en ai grande douleur, » dit Gauvain ; « et comment le dire à mon seigneur le Roi qui a envoyé dix chevaliers à votre quête, dans l’espoir qu’ils vous ramèneraient ? — Il faut en prendre votre parti, nous ne nous reverrons jamais, et vous