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Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 2.djvu/39

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TRANSITION.

Boron ne l’aurait pas introduit s’il eut trouvé la source des aventures et des récits de son Merlin dans le Saint-Graal ou dans les traductions du livre de Geoffroy de Monmouth. D’ailleurs, pour apprécier la valeur littéraire du rôle que Blaise remplit, il faut se reporter au douzième siècle. La première précaution que devait prendre alors le trouveur était de fournir un garant de ses récits et d’indiquer les sources auxquelles il avait puisé. Cet expédient, depuis longtemps employé, fit toujours plus ou moins fortune. Le faux Darès avait obtenu plus de crédit que le divin Homère, parce qu’il prétendait avoir assisté au siège de Troie ; le faux Callisthène, en se donnant pour le maître et le confident d’Alexandre, avait été écouté aux dépens d’Arrien, de Plutarque et de Quinte-Curce. Le faux Turpin, aumônier de Charlemagne, avait été compté parmi les chroniqueurs les plus sincères. Maintenant Robert de Boron, après avoir eu pour garant de son Joseph d’Arimathie le grand livre du Graal qu’il n’avait peut-être jamais vu, devait dire également comment s’était conservée la mémoire des faits et gestes de Merlin, qui n’avaient rien de commun avec la légende du Graal. Il alla donc au-devant des objections, en supposant que Blaise, le confesseur de la mère du prophète, avait, dès les premiers temps, tenu note