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MERLIN.

des actes de Merlin, et les avait ajoutés à la légende de Joseph d’Arimathie.

Suivons cette importante parenthèse du livre de Merlin. Blaise, avant de consentir à recevoir les confidences du prophète et de les écrire, veut être rassuré sur le danger de servir le fils d’un ange déchu. Merlin lui proteste qu’il est dans les voies de Dieu, et qu’il a trouvé grâce devant celui qui connaît le fond des cœurs : « Blaise, » ajoute-t-il, « je t’apprendrai des choses que Dieu seul et moi pouvons savoir. Tu en feras un livre, et ceux qui plus tard l’entendront deviendront meilleurs et plus éloignés de pécher. »

Et, quand Blaise eut réuni encre et parchemin, Merlin lui conta les amours de Jésus-Christ et de Joseph d’Arimathie ; le lignage de Joseph, le nom de ceux qui avaient la garde du Graal, la vocation d’Alain et le départ de Pétrus, la transmission du saint vaisseau de Joseph à Bron, le riche pêcheur. Il lui dit comment, après tout cela, les diables avaient tenu conseil, et s’étaient accordés à le faire lui-même entrer dans le monde. « Ensi ditta Mellins cest oevre et la fist faire à Blaise.

« Le livre que tu vas écrire, » dit encore Merlin, « sera partout reproduit et volontiers entendu. Cependant il ne sera pas en autorité, attendu que tu n’es pas et ne pourrais être