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Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 2.djvu/390

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GAUVAIN DEVENU NAIN.

chevaliers armés, à l’exception du heaume, les lances et les écus appuyés sur le tronc de l’arbre auquel étaient également attachées les rênes de leurs destriers. Ils tenaient entre eux une demoiselle à laquelle ils paraissaient vouloir faire violence, l’un lui serrant les mains, l’autre se jetant sur elle en dépit de ses cris et de ses apparents efforts. « Chevaliers ! » leur cria aussitôt Gauvain en brandissant sa lance, « vous méritez la mort : comment osez-vous outrager les demoiselles sur la terre du roi Artus ? ignorez-vous qu’elles y sont assurées envers et contre tous ? — Ah ! Gauvain, » dit la demoiselle, « voyons s’il est assez de prouesse en toi pour me faire échapper à la honte dont je suis menacée. — Demoiselle, au moins serez-vous bien défendue, tant qu’il me restera un souffle de vie. » En l’entendant, les chevaliers se levèrent et lacèrent leurs heaumes ; car ils redoutaient Gauvain, bien que la demoiselle leur eût persuadé qu’ils n’avaient rien à craindre de lui, et que leurs armes étaient, par l’effet d’un enchantement, à l’abri de ses coups. — « Par Dieu, vilain et hideux nain, » dirent-ils, « c’est toi qui vas mourir : mais nous avons grande honte d’attaquer une chose aussi méprisable. — Tel que je suis, vous m’aurez, sachez-le, rencontré pour votre malheur. Mais à Dieu ne plaise que je vous attaque