Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 2.djvu/391

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
384
LE ROI ARTUS.

à cheval, tant que vous serez à pied. Montez, montez, et vous verrez si je sais punir les chevaliers outrageux envers les dames. — Comment ! vous avez assez confiance en votre misérable corps, pour nous combattre d’égal à égal ! — J’ai, » dit Gauvain, « confiance en Dieu, et je m’assure qu’à l’avenir il ne vous arrivera plus d’insulter une seule demoiselle du royaume d’Artus. »

Les chevaliers montent, empoignent leurs glaives et reculent pour revenir ensemble sur monseigneur Gauvain. Ils rompent leurs lances sur son écu sans l’ébranler ; mais le premier que Gauvain atteint va mesurer la terre ; Gringalet s’arrête et le foule aux pieds : la lance rompue, Gauvain tire l’épée, s’adresse au second et le frappe si durement sur le heaume que la demoiselle se hâte de crier : « Assez ! messire Gauvain, n’allez pas plus loin. — Demoiselle, si tel est votre désir, je baisse l’épée pour l’amour de vous et Dieu donne bonne aventure à vous et à toutes les demoiselles du monde ! Mais, sans votre défense, j’aurais châtié ces félons comme ils le méritaient. Quant aux vilenies qu’ils m’ont dites, je les pardonne ; il n’est que trop vrai, je suis une méprisable et hideuse créature ; et cette infortune m’est arrivée dans cette forêt même, il y a six mois. » À ces mots,