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Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 2.djvu/393

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LE ROI ARTUS.

C’était elle, on le devine, qui lui avait d’abord ménagé cette mésaventure. Dès qu’elle eut pris congé de lui avec ses deux chevaliers, messire Gauvain se hâta de rallonger ses étriers et la guiche de son écu, puis remonta sur Gringalet, l’épée au côté, la lance en main. Il poursuivit son chemin vers Carduel où il arriva le même jour qu’Yvain, Sagremor et tous les chevaliers qui les avaient accompagnés. Le plaisir fut grand au récit des aventures d’Yvam et de Sagremor, mais surtout quand messire Gauvain raconta sa rencontre avec la demoiselle qu’il n’avait pas saluée, et la vengeance qu’elle lui avait infligée. Comme il cessait de parler, le premier nain entra dans la salle, sous la forme d’un très beau jeune homme de vingt-deux ans. Ils s’avancèrent, lui et la demoiselle son amie, devant le Roi qu’ils saluèrent courtoisement. Artus ayant rendu leur salut : « Sire, » dit le jeune homme, « vous ne savez pas qui je suis ; cela ne doit pas surprendre, car vous ne m’avez vu qu’une fois, et j’étais tel que personne ne s’aviserait de me reconnaître. — En tout cas » reprit le Roi, « je vois en vous un jeune et parfaitement beau chevalier. — Grand merci ! Sire, vous souvient-il de la demoiselle qui vous amena un nain pour le faire chevalier ? — Oui, bel ami ; à telles enseignes qu’il envoya cinq chevaliers en ma prison. — Sire, je suis le