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GAUVAIN DEVENU NAIN.

la demoiselle se prit à rire. « Sire Gauvain, » dit-elle, « que donneriez-vous à celle qui vous transformerait ? — Je me donnerais d’abord, puis tout ce que je puis avoir au monde. — Oh l’on ne vous en demande pas tant : faites seulement serment de remplir mes vœux, et je vous guérirai. — Vous m’y voyez préparé. — Vous allez jurer, sur la foi que vous devez au roi Artus, que vous ne refuserez jamais de venir au secours des dames ou des demoiselles que vous rencontrerez, et que vous n’en laisserez jamais passer une seule sans la saluer. — Dame, je vous le jure, comme loyal chevalier. — Soit donc : à la condition que, si vous manquez à votre serment, vous reviendrez dans la forme que vous avez en ce moment. — J y consens encore, pourvu toutefois que la plainte des dames ou demoiselles soit juste et loyale ; car, au prix de la vie, ne voudrais-je jamais porter secours à personne déloyale et trompeuse. — Redevenez donc ce que vous étiez il y a six mois ! » Et Gauvain sentit rompre les courroies dont ses chausses et ses manches de fer étaient attachées. Les membres s’étendirent, il reprit la forme qu’il avait auparavant. Descendant alors de cheval, il s’agenouilla devant la demoiselle, et promit d’être pour la vie son chevalier. « Merci ! » dit-elle en le relevant par la main.