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MERLIN.

l’aide de Mercure, la femme du roi de Thèbes. Amphitryon, à son retour, reconnaît le fils qui lui est né, et ce récit, dans lequel les dieux jouent un si triste rôle, faisait partie de l’histoire consacrée de la naissance d’Hercule et du culte que l’on rendait à Jupiter, à Mercure, à Hercule[1]. La poésie bretonne, en adoptant la légende païenne, en a bien adouci le scandale. Uter s’éprend de la beauté d’Ygierne, mais celle-ci reste fidèle à ses devoirs. Il lui envoie des présents, mais elle les refuse, et son indignation éclate à l’idée de l’engagement involontaire qu’elle a pris en vidant la coupe d’or du roi. Elle déclare à son mari le danger qui menace leur honneur commun ; elle le décide à quitter la cour, et, si le duc de Tintagel meurt en défendant son château, comme Urie sous les murs de Rabba, au moins le coupable roi

  1. « Les Romains, peut-être au sortir du Capitole, où ils venaient adresser au Très-bon et Très-grand des actions de grâces ou des supplications, allaient applaudir les histrions qui bafouaient Jupiter avec son fils sur le proscénium ; contradiction d’autant plus étrange que les jeux scéniques ne se donnaient qu’aux fêtes solennelles et que toutes ces fêtes étaient religieuses. » Cette remarque de l’un des traducteurs de Plaute est bonne, sauf le mot bafouer, qui semble assez mal s’appliquer à Jupiter. C’est Amphitryon et Sosie, deux simples hommes, que l’on se plaisait à voir bafouer par le maître des dieux.