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les enfances.

vant Pharien et le conjurèrent d’user de son crédit auprès du roi de Bourges, pour désarmer sa colère. « J’irai volontiers à lui, dit Pharien, et j’ai bon espoir de le fléchir. Mais, comme il faut tout prévoir, et qu’il n’y a jamais dans les hommes autant de bon ou de mauvais qu’on peut le supposer, vous allez me jurer, si je ne revenais pas, de venger ma mort sur les trois otages. »

Les barons jurèrent sur les saints, Pharien revêtit ses armes et monta à cheval. En le voyant arriver de loin, Claudas courut à lui les bras tendus et voulut le baiser sur la bouche : « Sire dit Pharien en se reculant, je veux avant tout connaître ce que vous entendez faire. Vous venez assiéger une ville où sont mes pairs et mes amis ; je me suis rendu leur caution que vous les épargneriez. La honte en sera sur moi, si vous me démentez. — Comment ! répond Claudas, Gannes n’est-elle pas ma ville ; n’êtes-vous pas tous mes hommes ? De quel droit me fermez-vous vos portes ? — Sire, quand on voit avancer une ost, il est prudent de se mettre en défense. Rassurez les citoyens ; dites que vos intentions sont amicales, que vous ne songez pas à la vengeance, et nos portes vous seront ouvertes. — N’y comptez pas ! » reprend Claudas, « j’entends faire justice, et dès que je serai entré.