rent, tandis que lui s’arrêtait sous un chêne de la forêt pour s’y remettre de la grande chaleur du jour. Il remonta sur son chasseur[1] à l’entrée de la nuit, et, quand il revint dans la maison, il vit tous les commensaux ordinaires de la maîtresse de ces lieux entourer la belle proie. Lancelot était court-vêtu d’une cotte de bois, sur sa tête un chapeau de feuilles, et le carquois pendu à la ceinture. En le voyant arriver dans la cour, la dame sentit monter à ses yeux les larmes du cœur ; et, sans l’attendre, elle rentra vivement dans la grande salle, où elle demeura le visage caché dans ses mains. Lancelot arrive à elle ; elle s’enfuit dans une chambre voisine. « Que peut avoir ma dame ? pensa le valet. Il la cherche, la rejoint et la trouve étendue sur une grande couche, noyée dans les larmes. À son salut elle ne répond pas, elle qui d’ordinaire courait au-devant de lui pour l’accoler et le baiser. « Dame, lui dit-il, que pouvez-vous avoir ? Si quelqu’un vous a fait de la peine, ne le célez pas, car je n’entends pas que de mon vivant on ose vous courroucer. » Elle lui répond d’abord par un redoublement de larmes et de sanglots ; puis, le voyant de plus en plus interdit « Ah ! fils de roi, dit-elle, retirez--
- ↑ Les chevaux de chasse étaient dressés d’une façon particulière ; de là le nom de chacéors qui les distinguait.