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l’adoubement.

l’égard des bonnes gens, des affligés et des pauvres.

« Voilà les devoirs auxquels engage la chevalerie. On ne les oublie pas sans perdre le bon renom dans le siècle et l’âme dans l’autre monde. Car en devenant chevalier on fait serment de défendre Sainte Église et maintenir loyauté ; et les prud’hommes du siècle ne sauraient garder parmi eux celui qui se montre parjure envers son créateur. Ainsi, quiconque veut être chevalier doit être plus simple de cœur et plus pur de conscience que ceux qui n’ont pas aspiré à si haute dignité. Mieux vaudrait au valet vivre sans chevalerie toute sa vie, qu’être honni sur terre et perdu dans le ciel, pour en avoir oublié les devoirs. »

Lancelot, après l’avoir curieusement écoutée : « Dame, depuis les premiers jours de la chevalerie, s’est-il rencontré un chevalier qui eût en soi toutes les bontés que vous venez de nommer ? — Assurément ; la Sainte Écriture nous l’atteste. Avant la venue de Jésus-Christ, il y eut Jean l’Hircanien et Judas Machabée, qui ne tournèrent jamais le dos devant les mécréants ; il y eut encore Simon, frère de Judas, le roi David et plusieurs autres. Après la passion du Sauveur, je nommerai Joseph d’Arimathie, le gentil chevalier qui descendit Jésus-Christ de la croix, et le coucha dans le sépulcre.