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lancelot du lac.

Je nommerai son fils Galaad, le roi de la terre d’Hofelise devenue en mémoire de son nom le pays de Galles[1]. Tels sont encore le roi Pelle de Listenois et son frère Hélain le gros, qui n’ont pas cessé de se maintenir en honneur et gloire dans le siècle et devant Dieu.

« — Eh bien, dit Lancelot, puisque tant d’hommes ont été pleins de tous les genres de prouesses, ne serait-ce pas grande vilenie à celui qui n’oserait aspirer à chevalerie, parce qu’il croirait ces vertus trop hautes pour lui ? Je ne blâme pas ceux qui n’ont pas dans le cœur la force d’y aspirer ; mais pour ce qui me regarde, si je trouve quelqu’un qui consente à m’adouber, je ne le refuserai pas par crainte de voir en moi chevalerie mal assise. Dieu peut m’avoir donné plus de bonté que je ne sais, ou bien pourra-t-il m’accorder plus tard le sens et la valeur qui me feraient aujourd’hui défaut.

« — Beau fils de roi, puisque votre cœur ressent toujours même désir d’être chevalier, votre vœu sera accompli avant peu, vous serez satisfait. Oh ! je le devinais bien : de là les pleurs que je versais tout à l’heure. Cher fils de roi, j’ai mis en vous tout l’amour qu’une mère pourrait avoir pour son enfant : je prévois à grande douleur que vous me quitterez bientôt ; mais j’ai-

  1. Voy. S. Graal, t. I, p. 339.