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le beau valet.

celui-ci, tout rudement ébranlé qu’il fût, vise et frappe assez vigoureusement de l’épieu pour abattre son adversaire. Mais le fer resta dans les mailles du haubert : alors l’inconnu qui lui servait de second se rapproche et lui offre son propre glaive. « Je le prendrai à une condition, c’est que vous me laisserez le soin de les combattre tous deux.

— « Il n’est pas nécessaire, dit alors le chevalier désarçonné : voici mon épée, bel ami, prenez-la, nous n’entendons pas continuer. — Vous nous laissez donc la belle demoiselle ? — Assurément. Vous êtes blessé, le repos vous est nécessaire ; une nouvelle lutte pourrait mettre en danger votre vie, et vous avez si grand cœur qu’il y aurait dommage à votre mort. »

Ce disant, le chevalier tire une clef, la lance vers la pelouse et crie « Demoiselle, vous êtes conquise. Détachez la nacelle et conduisez-la vous-même à bord. » La pucelle obéit : elle entre dans la barque, détache la chaîne qui la retenait au sycomore et arrive devant les chevaliers. Ceux qui l’avaient jusque-là gardée la présentent au Beau valet, saluent et s’éloignent. Alors les sergents du chevalier inconnu étendent un beau pavillon sous les arbres, et le couvrent de mets succulents. Après manger, la demoiselle avertit les sergents de disposer trois lits. — « Pourquoi trois ? demande en souriant le Beau va-