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lancelot du lac.

let. — Pour vous l’un, pour ce chevalier l’autre, pour moi le troisième. — Mais ne vous ai-je pas conquise, demoiselle ? — Oui, je vous appartiens : il en sera ce que vous exigerez. — Ah ! demoiselle, je vous tiens quitte. » Et tous trois dormirent séparément jusqu’au lendemain matin.

Au point du jour le Beau valet vint au chevalier inconnu : « Allons où vous savez. — Volontiers ; mais promettez-moi de me laisser la dame, si vous venez à la conquérir. — Soit ! » Ils montent en selle et reviennent au premier pavillon. L’inconnu lui dit : « Ceignez votre épée et n’oubliez pas comme hier votre écu. — Je prendrai l’écu et la lance ; quant à l’épée, je ne puis la ceindre avant d’en avoir reçu le commandement d’autre que vous. — Mais ne vous ai-je pas averti que votre adversaire était des plus redoutables ? — Nous verrons bien. » Aussitôt, l’écu sur la poitrine, la lance au poing, le Beau valet s’avance à portée du grand chevalier. — « Tiendrez-vous, lui dit-il, la promesse que vous m’avez faite de me montrer la belle demoiselle ? — Oui, mais après combat. — Je le veux bien : armez-vous sans délai, j’ai grande affaire ailleurs. — Mon Dieu ! quel grand besoin de m’armer contre vous ? » Cependant il prend écu, épée et glaive. Lancés l’un contre l’autre, ils échangent plusieurs rudes coups ; mais