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la douloureuse garde.

ble épée ; les uns le suivent en arrière pendant qu’il presse les autres. Sexte était déjà passée, on était près de None ; alors la demoiselle reparaît et lui jette au cou, sans qu’il s’en aperçoive, l’écu d’argent aux deux bandes. À mesure qu’il sent redoubler sa vigueur, celle des chevaliers qu’on lui oppose s’amoindrissait : il fait voler une tête, écrase un second sous les pieds de son cheval, les autres crient merci et se rendent sans condition. Du haut des murs de la ville, les bourgeois accompagnaient de leurs acclamations ses prouesses, et le sire du château, témoin douloureux de la déroute de ses chevaliers, eût bien voulu descendre aussi le tertre et se joindre à eux ; mais la coutume établie, qu’il ne pouvait enfreindre sans détruire la force des enchantements, l’obligeait à se contenir et à ne pas leur venir en aide. Au moment de la fuite du dernier champion, on entendit un bruit formidable ; la porte du château s’ouvrit avec fracas, et le Blanc chevalier aperçut devant cette première porte dix nouveaux chevaliers armés de toutes pièces. Alors il sent que la demoiselle du lac lui délace le heaume et le remplace par un autre moins bosselé, moins fendu ; puis détache le second écu et passe à son cou le troisième. « Voulez-vous, disait-il, abaisser l’honneur de ma victoire ? Votre deuxième écu était déjà de trop. — Non pas, beau chevalier ; il faut que la seconde