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lancelot du lac.

porte soit vivement conquise. L’heure avance et vous n’avez pas de temps à perdre. Prenez ce glaive dont la hampe est plus solide et le fer plus tranchant. Nous savons comment vous travaillez de l’épée, nous voulons vous réconcilier avec la lance. Mais regardez maintenant cette première porte » Il obéit et voit la grande figure de cuivre s’ébranler, fléchir et tomber enfin, écrasant de son poids un des nouveaux champions qui devaient l’arrêter. Le Blanc chevalier s’élance sur eux ; il abat le premier, frappe le second à mort, et les autres, remplis d’épouvante par la chute de l’image, ne l’attendent pas et cherchent un abri sous la seconde porte. Ils y sont poursuivis, les uns crient merci, les autres s’écartent, glaives baissés, sans essayer de résister. Et dès que le Blanc chevalier a franchi la porte, il se voit salué par une foule de bourgeois, de dames et de pucelles, qui d’un visage riant, disent : « C’est assez ! pour le moment, vous n’avez plus d’ennemis à vaincre. » Une demoiselle lui présente les clefs du château : « Ai-je à faire autre chose pour achever l’aventure ? demande-t-il. — Oui ; le seigneur du château tentera sans doute un dernier combat. — Je suis prêt à le recevoir mais où le trouver ? — Sire, dit un valet accourant, il ne viendra pas. Il s’est enfui à toutes brides, la rage et le désespoir au cœur. »