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la douloureuse garde.

bourg, et ne comprenaient pas qu’on s’obstinât à tenir les portes fermées[1]. Il se hâta d’avertir la guette de laisser entrer le roi et la reine. Mais Artus tombait fréquemment dans une rêverie dont on n’osait le tirer. Ce jour-là, au commencement de Tierce, il était dans son pavillon, la tête inclinée, l’esprit perdu en imaginations qui lui firent oublier d’envoyer à la Douloureuse garde. Vainement les gens du château, qui espéraient aussi de lui leur délivrance, criaient du haut des murs : « Roi Artus, l’heure passe, l’heure passe ! » Il n’entendait rien. La reine dont l’oreille était plus éveillée, voulant savoir quelle était la raison de ces cris, arriva devant la porte, comme le Blanc chevalier, après avoir été visiter les pavillons tendus dans le bourg, revenait au château ; il la reconnut, et fut assez maître de lui pour dire : « Dame, Dieu vous bénisse ! — Vous aussi, répond-elle. — Voulez-vous entrer ici ? — Assurément, sire chevalier. — Ouvrez ! crie-t-il à la guette ; mais, ne sachant plus ce qu’il fait, il pousse son cheval sous la voûte ; la guette laisse retomber derrière lui les battants, et la reine reste à la porte. Pour lui, sans mot dire il monte à la guérite et regarde avec une

  1. Le msc. 754, que nous avions suivi pour remplir la première partie de la lacune du bon manuscr. 339, s’arrête ici ; nous prenons, à son défaut, le n°341, f° 45, et le n° 773, f° 62.