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lancelot du lac.

sorte d’extase la reine qui ne comprend rien à l’insulte qu’on lui a faite. Enfin, au bruyant retentissement de la porte qu’on referme, le roi Artus sortit de sa rêverie, et appelant messire Keu : « Sénéchal, dit-il, allez voir si l’on veut enfin ouvrir. » Keu rencontre la reine encore émue de ce qui lui était arrivé. Elle lui conte son aventure, et le sénéchal apercevant à la guérite le Blanc chevalier : « Sire chevalier, dit-il, c’est à vous grande vilenie d’avoir ainsi gabé la reine. » L’autre n’entendait rien, mais la demoiselle du lac qui l’avait conduit à la Prison douloureuse arrivant à lui : « Êtes-vous sourd ? dit-elle n’entendez-vous pas les reproches de ce chevalier — Quel chevalier ? — Là, devant vous. — Ah ! sénéchal, que voulez-vous ? — Je vous blâme d’avoir fait deux hontes : à madame la reine en la laissant dehors, à moi en ne me répondant pas. » Ces mots navrent de douleur le Blanc chevalier, et s’en prenant à la guette : « Malheureux ! ne t’avais-je pas commandé d’ouvrir à madame la reine ? Sans tes cheveux blancs je te clouerais de cette épée contre la porte. Ouvre désormais à tous ceux qui se présenteront. »

La guette obéit en tremblant de tous ses membres. On vit alors arriver barons, chevaliers, dames et demoiselles, en même temps que la reine et le roi. Le cimetière attire d’abord leur