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lancelot du lac.

livrer messire Gauvain ? Or, j’ai entendu que Brandus devait, cette nuit, tenter de surprendre le camp du roi, avec cent cinquante de ses hommes. Vous pouvez sauver le roi en allant le prévenir du danger qui le menace ; Brandus sera facilement vaincu, et, pour conserver la vie, il rendra volontiers ses prisonniers. » Le Blanc chevalier remercia l’ermite, et le suivit jusqu’à sa demeure. C’était une forte maison, nommée le Plessis, construite sur un monticule entouré de fossés à la Galloise. Après avoir reconnu qu’elle pourrait lui être de grand secours, il revint aux abords de l’île, décidé à déjouer lui-même les projets de Brandus, sans en avertir le roi. Quand la nuit fut serrée, il entendit un léger bruit de gens armés débarquant et prenant le chemin de la Douloureuse garde. Il les suivit jusqu’à la sortie du bois et comme ils avaient mis pied à terre pour resserrer la sangle des chevaux, il fondit sur eux en criant : « À mort ! à mort les traîtres ! » Ils se croient prévenus par toute la chevalerie du roi, et, saisis d’épouvante, courent çà et là, les uns à pied, les autres à cheval. Nul ne songe à se défendre, et, le bruit arrivant aux sentinelles posées devant les pavillons, l’alarme est donnée au camp. Les gens de Brandus, entendant les cris et le mouvement des chevaux, se rejettent dans le bois. Un rayon de lune permet au Blanc chevalier de re-