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lancelot du lac.

roi David[1] allait être réduite à réclamer la pitié des autres, à nourrir son enfant du pain amer de l’exil. Et lui, pauvre vieillard, naguère riche d’amis et d’avoir, l’honneur de toutes les bonnes compagnies, comment pourrait-il soutenir une fortune aussi contraire ? Toutes ces pensées refoulent alors son cœur avec tant d’amertume que les sanglots l’étouffent, il se pâme et glisse à terre sans mouvement. Quand il revint à lui : « Ah ! Seigneur, je vous rends grâces de la fin qu’il vous plaît m’envoyer. Vous avez vous-même souffert la pauvreté et les tourments. Je n’ai pu sans de grands péchés vivre dans le siècle ; je vous en réclame pardon. Ne perdez pas mon âme, vous qui êtes venu de votre sang nous racheter. Faites que mes torts reçoivent ici leur châtiment, ou, si mon esprit doit être tourmenté par delà, qu’au moins un jour plus ou moins éloigné me réunisse à vous. Ah ! beau Père spirituel, prenez pitié de ma femme Hélène, sortie du haut lignage que vous avez conduit au royaume aventureux : remembrez-vous de mon fils, pauvre et tendre orphelin ; car les pauvres sont en votre garde et vous les devez protéger avant tous les autres. »

  1. Le romancier fait descendre la reine Hélène de Joseph d’Arimathie qu’il confond ici avec S. Joseph, époux de la Sainte Vierge.