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la reine aux grandes douleurs.

Ces paroles dites, le bon roi se frappa la poitrine en pleurant de contrition ; il arracha trois brins d’herbe, et les mit dans sa bouche au nom de la Sainte Trinité ; puis il eut un dernier serrement de cœur, ses yeux se troublèrent, il s’étendit, les veines du cœur se rompirent, et il expira, les mains en croix, les yeux au ciel et la tête tournée vers Orient.

Cependant le cheval, effrayé du bruit qu’avait fait le roi dans sa chute, s’était mis à fuir jusqu’au bas de la montagne. La reine, le voyant revenir seul, dit à l’écuyer chargé de tenir en selle le petit Lancelot de lui apporter l’enfant et d’aller voir ce qui pouvait retarder le roi. Tout-à-coup elle entend les cris perçants de l’écuyer, quand il arrive à l’endroit où son seigneur était étendu sans vie. Tout effrayée, la reine dépose l’enfant sur l’herbe, et se met à gravir le tertre. Elle a bientôt croisé l’écuyer, qui la conduit devant le corps de son cher époux. Quelle douleur ! Elle se jette sur lui, déchire ses habits, frappe son beau corps, égratigne son visage ; la montagne, la vallée, le lac voisin, tout retentit de ses gémissements et de ses cris.

Puis la pensée lui revint de l’enfant laissé aux pieds des chevaux : « Ah ! mon fils ! » et elle redescend tout échevelée au bas de la montagne ; elle cherche les chevaux, ils s’étaient rapprochés du lac pour s’y abreuver. Sur la rive,