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lancelot du lac.

annonçant à la demoiselle et à ses écuyers, qu’il viendra les reprendre dès que l’aventure sera mise à fin. Pour être sûr de n’être pas découvert, il avait passé à son cou un vieil écu enfumé, au lieu de celui qu’il avait apporté la veille. En continuant à suivre le cours de l’eau, ils se retrouvèrent à l’entrée de Kamalot. Les murs, les tours, les moulins, rappellent alors à notre chevalier le jour de son adoubement. Il arrête son cheval, en laissant l’autre chevalier aller en avant et arriver le premier devant la maison du roi, située, comme tous les autres manoirs d’Artus, sur la rivière. Une dame était aux loges ; c’était encore la reine qui suivait des yeux le roi partant pour la chasse. Elle avait levé sa guimpe[1] pour se défendre de la fraîcheur matinale, et était en simple surcot. Quand passa le premier des deux chevaliers, elle baissa sa guimpe, et celui-ci lui dit : « Madame, vous plairait-il me dire si vous êtes la reine ? — Oui ; pour quelle raison le demandez-vous ? — Dame, pour un chevalier, le plus fou des chevaliers. — Est-ce de vous

  1. La guimpe ou guimple était, comme on doit le savoir, une sorte de voile épais passé sur le cou, tombant sur la poitrine quand on le baissait, couvrant le nez et même les yeux quand on le tenait levé. Il ne faut pas l’oublier, ni prendre le change quand on voit des dames lever ou baisser leur guimpe.