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soumission de galehaut.

vain ; vous prendrez garde à ce qu’ils pourront dire de moi et me le rapporterez. » Galehaut s’éloigne en le recommandant à Dieu.

La nuit venue, il arriva dans la tente du roi : son lit y fut dressé non loin de ceux du roi et de monseigneur Gauvain. La reine demeura dans la bretèche, avec la dame de Malehaut qui continuait à avoir l’éveil sur tout.

Pour l’ami de Galehaut, il n’y a pas d’honneur que ne lui rendent les deux rois auxquels avait été remis le soin de l’entretenir. Ils lui laissent le grand lit et se tiennent dans la chambre voisine, pour être prêts à le servir. Durant toute la nuit, ils l’entendent gémir, et, quand de grand matin Galehaut revient, il s’inquiète en lui voyant les yeux rouges et mouillés de larmes. « Beau compain, lui dit-il, vous avez un chagrin secret ; pourquoi ne m’en voulez-vous pas dire la cause ? Auriez-vous reçu quelque offense ; auriez-vous à vous plaindre de quelqu’un ? Un mot de vous, et tout ce qui m’appartient serait employé à vous venger. — Ah ! sire, répond-il, croyez-moi, si j’avais un grand chagrin, ce serait de ne pouvoir reconnaître votre douce et simple courtoisie. Je n’ai pas de peines à confesser ni d’offenses à venger, mais je suis assez sujet, tout en dormant, à me plaindre et pleurer sans le vouloir ; on ne doit pas s’en inquiéter. »