Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 3.djvu/256

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
250
lancelot du lac.

Ils allèrent entendre la messe : au moment où le prêtre faisait trois parties du corps de Notre-Seigneur, Galehaut, prenant son ami par la main, lui montre les morceaux que le prêtre tenait : « Croyez-vous, lui dit-il, que ce soit ici le corps de Notre-Seigneur ? — Assurément, je le crois. — Soyez donc sans crainte car, par ces trois parties de chair que vous voyez en semblance de pain, je ne ferai jamais en ma vie chose qui puisse vous causer d’ennui. — Grand merci, sire ! vous me l’avez déjà trop bien prouvé, pour le peu que je vaux et que je puisse vous rendre. »

Au sortir de la messe, Galehaut retourna à la cour du roi Artus. Après dîner, comme ils conversaient autour du lit de monseigneur Gauvain, celui-ci dit à Galehaut : « Sire, s’il ne vous déplaisait, je vous ferais une demande. La paix que vous êtes venu conclure avec monseigneur le roi, par qui fut-elle conseillée ? Veuillez me le dire, au nom de ce que vous aimez le mieux. — Sire, vous m’avez conjuré de façon à ne pas recevoir de refus. Elle fut faite par un chevalier. — Et ce chevalier, quel est-il ? — J’atteste Dieu que je ne le sais. — N’est-ce pas, dit la reine, le Chevalier aux armes noires ? — Allons, reprend Gauvain, vous pourrez bien au moins nous le dire, si vous tenez à vous acquitter. — Je me suis acquitté, en vous disant que c’était