le Noir chevalier reste les yeux baissés, comme saisi de honte. La reine devine alors que c’est lui. Et Galehaut s’adressant au sénéchal : « Allez donc, sire, faire compagnie à ces dames : nous sommes ici trois, et elles n’ont pas un seul chevalier avec elles. » Le sénéchal s’éloigne ; la reine prend le chevalier par la main, le relève, le fait asseoir à ses côtés et, d’un air riant : « Sire, nous vous avons bien longtemps désiré ; enfin, grâce à Dieu et à Galehaut, il nous est permis de vous voir. Je ne sais pourtant pas encore si vous êtes celui que je demandais. Galehaut me l’a bien dit ; mais j’attends, pour en être sûre, que vous me l’assuriez de votre bouche. » L’autre répond, en bégayant et sans lever les yeux, qu’il ne sait que dire. La reine ne conçoit rien à son trouble, et Galehaut, qui déjà en soupçonne la cause, pense que son ami sera plus à l’aise sans témoins. D’une voix assez haute pour être entendu de l’autre cercle : « Assurément, dit-il, je suis bien discourtois de laisser ces deux dames en compagnie d’un seul chevalier. » Il se lève et va de leur côté ; les dames se lèvent à son arrivée, il les fait rasseoir et la conversation s’établit entre eux, pendant que la reine entre ainsi en propos avec le chevalier
« Pourquoi, beau doux sire, vous cacher de moi ? Je n’en puis deviner la raison. Au moins