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lancelot du lac.

plus jeune à son neveu Lambegue. D’ailleurs il n’avait confié le secret de la naissance de ces enfants à nul autre qu’à ce neveu et à sa femme, jeune et belle dame qui devait plus tard trahir sa confiance, et céder aux poursuites amoureuses du roi de la Déserte. Claudas, comme pour racheter ses torts, avait revêtu Pharien de la charge de sénéchal du pays de Gannes[1]. Mais il arriva que Lambegue eut connaissance de la mauvaise conduite de la dame, et à compter de ce moment il avait voué une haine implacable au roi qui portait ainsi le déshonneur dans sa parenté. Pharien, averti par Lambegue, eut grande peine à croire à son malheur, car il pensait être aimé de sa femme épousée autant que lui-même l’aimait. Un jour que Claudas l’avait chargé d’un message, il fit semblant d’obéir et, à la tombée de la nuit, revint à son logis où il trouva le roi. Dans un premier mouvement de fureur, il avança pour le frapper : Claudas le prévint en s’élançant hors de la maison par une fenêtre. Le coupable échappé, Pharien jugea prudent de dissimuler : il vint au palais le lendemain, et tirant à l’écart Claudas : « Sire, dit-il, je suis votre homme lige, j’ai

  1. Dans le livre d’Artus, il remplit déjà cette charge près du roi Bohor, son premier seigneur. (Voy. t. II, p. 207 et suiv.)