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lancelot du lac.

maison, dit-il, à qui est-elle ? — À moi, frère, répond Agravain. Je la tiens du duc de Cambenic qui l’a conquise sur le roi de Norgalles. » Ici messire Gauvain, surprenant un sourire sur les lèvres de l’amie d’Agravain, la pria de lui en dire l’occasion : « Mon Dieu ! je ris des folles imaginations du siècle. Une sœur que j’ai, plus jeune que moi, n’a-t-elle pas fait vœu de vous garder sa virginité ? Aussi le roi notre père, qui n’a pas d’autres enfants que nous, craignant que cette fantaisie ne mît obstacle à son mariage, la fait-il garder, pour l’empêcher de jamais vous voir. — En vérité, dit messire Gauvain, c’est prendre trop de précautions : j’ai toute autre chose à penser qu’à relever votre sœur de son vœu. Après tout, le temps et le lieu s’y prêtant, je ne laisserais pas échapper une occasion aussi agréable de la satisfaire.

« Maintenant, demoiselle à l’épée, me direz-vous quels sont les deux prud’hommes dont vous m’avez parlé ? — Il est aisé de voir, répond-elle, que vous êtes l’un des deux ; pour l’autre, c’est le vainqueur des assemblées du roi Artus et du prince Galehaut : je ne sais quel est son nom. Quant à l’épée que je tenais suspendue à mon cou, votre frère Agravain m’avait chargé de vous la porter à la cour du roi ; j’y allais quand vous m’avez rencontrée. » Messire Gauvain ayant pris l’épée : « Si les lettres,